Je m'en suis aperçu "violemment" quand j'ai accueilli pendant plusieurs jours des gens que j'avais connus autrefois dans la ville voisine et qui me demandaient de les héberger pendant le week-end. Ils n'avaient plus d'argent pour mettre de l'essence dans la voiture et ils attendaient un chèque qu'ils devaient se faire expédier dès le lundi... finalement le chèque est arrivé bien plus tard et le week-end s'est prolongé, prolongé...J'y ai perdu quelque argent, mais surtout cet odeur très forte m'a longtemps imprégné...
Il est difficile de faire sentir cette odeur, elle est faite d'aigreur, elle est due aux privations alimentaires, à une hygiène approximative à cause des conditions de vie...
Pour moi, ce jour-là, elle est devenue presque une "expérience spirituelle"
et m'a posé fortement la question:
QU'AS-TU FAIT DE TON FRERE ? (texte écrit dans les années 80)
L'odeur
m'a saisi à la gorge
L’odeur
m'a coupé le souffle
L’odeur
a fait taire mes raisonnements
L’odeur
a bousculé mes certitudes
L’odeur
s'est imprégnée à mes vêtements
L’odeur
a résisté à l'eau du bain
L’odeur a cassé ma prière
L’odeur a réveillé ma prière
L’odeur quand elle est à ce point
L’odeur quand elle est à ce point
de misère et de dégoût
devient exigence spirituelle:
Qu’as-tu fait de ton frère ?
Qu’as-tu fait de ton frère ?
Qu’as-tu fait de ta société ?
Qu’as-tu fait de la solidarité ?
Qu’as-tu fait de ton Dieu ?
Et l'odeur
Et l'odeur
s'est collée à ma prière obstinément
De discours
De discours
ma prière est devenue autre regard
De belles paroles
De belles paroles
elle est devenue main tendue
Elle a chassé le mépris et entrouvert la porte
Elle a chassé le mépris et entrouvert la porte
à une autre façon d'AIMER