Petit cœur
au coussin fleuri,
je t'ai laissé
perdu dans la montagne...
perdu?
tu es là tout l'été
au bord du sentier de randonnée
pour saluer les passants.
ceux qui marchent allègrement
sans prendre parfois le temps de te regarder
ceux qui soufflent et qui peinent
et que tu encourages à continuer
ceux qui te photographient
et à qui tu offres ton plus beau sourire
Te croisent en chemin
les cœurs opérés et ragaillardis
les cœurs fanés ou desséchés
les cœurs défleuris ou meurtris
les cœurs émerveillés ou amoureux
les cœurs d'enfants ...
perdu?
non,
tu es là avec pour compagnes
des fleurs innombrables :
des gentianes et des gentianettes,
des doromics et des driades,
des pensées qui n'ont de sauvages que le nom!
et tant d'autres encore ...
perdu ?
non,
des sources chantent pour toi !
des sources chantent pour toi !
et la marmotte n'est jamais bien loin
ni peut-être le chamois et le bouquetin...
Cet hiver,
et sans doute dès cet automne,
la neige te recouvrira
et tu t'endormiras pour de longs mois
les sots te croiront disparu
pour toujours ...
mais tranquillement,
doucement,
tu prépareras ton cœur,
tu le recomposeras peu à peu,
et il sera prêt
dès la fin du printemps,
pour saluer à nouveau les passants
éblouir leurs yeux,
et peut-être réparer leur cœur
et le revêtir
de mille fleurs !
Jo Gohier
Jo Gohier