Il n’y avait pas de noms
sur les tombes de ce carré-là,
seulement des numéros !
Je ne savais pas devant laquelle m’agenouiller
pour dire à mon ami que je ne l’avais pas oublié !
elles étaient là, les tombes
sans souvenir,
sans visage,
sans mémoire,
sans plaque,
sans fleur,
sans …
comme les locataires de ce lieu l’avaient été toute leur vie
sans …
sans reconnaissance….
Et pourtant aujourd’hui, un ami est là
cherchant à s’agenouiller auprès de toi,
à t’appeler par ton prénom,
à faire mémoire de tant de bons moments passés ensemble !
Tout homme mérite qu’on s’agenouille devant lui,
comme on s’agenouille devant Dieu seul
pour dire qu’Il est grand :
l’Homme et Dieu, Toi et Moi !
Tout homme mérite qu’on s’agenouille devant lui,
comme Dieu s’est agenouillé un jour devant l’Homme
pour le servir en lui lavant les pieds !
Je cherche dans ce coin de cimetière
la trace de ce que tu as été
et même si cette trace semble se perdre
dans l’anonymat d’un numéro,
je sais qu’auprès de Dieu, tu as toute ta place !
Et c’est devant tous ceux qui finissent en numéro,
que je m’agenouille aujourd’hui
pour proclamer leur dignité !
Jo Gohier
Jo Gohier