Monique était atteinte d’une maladie qui
paralyse tout, plus rien ne peut bouger dans le corps, rien …pas une parole,
pas un geste, pas un sourire. Tout est paralysé … même le clignement des yeux
ne paraît plus pouvoir dire quelque chose. Sans doute, entend-elle ? … seul, le
regard ….. Monique a rejoint la maison
du Père en juillet 2002. Je suis allé la voir une fois à l’hôpital Chinon. Je
n’ai peut-être pas eu la force d’aller affronter une autre fois ce regard-là…
pardon, Monique …
Tes yeux
en disaient long, Monique,
Tes
yeux, contre tes paroles muettes,
Tes
yeux dans un corps tout entier paralysé
Tes
yeux à la place d’impossibles sourires
Tes
yeux veulent en dire long, Monique,
Moi,
je suis là, auprès de Toi
impuissant,
peut-être
imbécile,
pauvre,
tenant
ta main, qui ne peut répondre,
balbutiant
au lieu de me taire,
détournant
parfois mon regard,
le cœur au bord des larmes,
suppliant
un ciel tout bleu ce jour-là,
mais décidément muet,
muet
devant tant de souffrance !
muet devant ce désespoir à fleur de
tes yeux
Tes
yeux, Monique, suivent mon regard,
Tes yeux
me tendent les mains,
Tes yeux
voudraient tant parler,
j’en suis sûr, me parler de ton mari,
de tes
enfants… tes petits enfants.
…et de
chacun d’eux …
...je
prononce leur prénom,
comme
autant de mots d’amour !
Tes
yeux, comme une prière muette
tout à
coup !
Tes
yeux affrontés à la désespérance,
Tes yeux face au silence de Dieu
…
Que je me taise, moi,
Que je laisse enfin parler tes
yeux,
Ils se faufilent par delà mon
cœur
Pour dire …. Mais pour dire
quoi ?
Chut ! laisse parler ses
yeux…
… et ton cœur …
… et ton cœur …
Seigneur, pourquoi tout cela ?
Seuls, ses yeux laissaient entendre un long murmure,
Monique, à Dieu,
Tu as plongé aujourd‘hui dans son Regard
Tu as enfin la Réponse … Aide-nous à la
chercher !
Jo Gohier